— Attends un moment ; Philka Marosof commence alors à faire du tapage. Il dit à Ankoudim : « Partageons, rends-moi mes quatre cents roubles ; je ne suis pas ton homme de peine, je ne veux plus trafiquer avec toi et je ne veux pas épouser ton Akoulka. Je veux faire la fête. Maintenant que mes parents sont morts, je boirai tout mon argent, puis je me louerai, c’est-à-dire je m’engagerai comme soldat, et dans dix ans je reviendrai ici feld-maréchal ! » Ankoudim lui rendit son argent, tout ce qu’il avait à lui, parce qu’autrefois, ils trafiquaient à capital commun avec le père de Philka, — « Tu es un homme perdu ! » qu’il lui dit. — « Que je sois perdu ou non, vieille barbe grise, tu es le plus grand ladre que je connaisse. Tu veux faire fortune avec quatre kopeks, tu ramasses toutes les saletés imaginables pour t’en servir. Je veux cracher là-dessus. Tu amasses, tu enfouis, diable sait pourquoi. Moi, j’ai du caractère. Je ne prendrai tout de même pas ton Akoulka ; j’ai déjà dormi avec elle… »
— Comment oses-tu déshonorer un honnête père, une honnête fille ? Quand as-tu dormi avec elle, lard de serpent, sang de chien que tu es ? lui dit Ankoudim eu tremblant de colère. (C’est Philka qui l’a raconté plus tard.)
— Non-seulement je n’épouserai pas ta fille, mais je ferai si bien que personne ne l’épousera, pas même Mikita Grigoritch, parce qu’elle est déshonorée. Nous avons fait la vie ensemble depuis l’automne dernier. Mais pour rien au monde je n’en voudrais. Non ! donne-moi tout ce que tu voudras, je ne la prendrai pas !…
Là-dessus, il fit une fière noce, ce gaillard. Ce n’était qu’un cri, qu’une plainte dans toute la ville. Il s’était procuré des compagnons, car il avait une masse d’argent, il ribota pendant trois mois, une noce à tout casser ! il liquida tout. « Je veux voir la fin de cet argent, je vendrai la maison, je vendrai tout, et puis je m’engagerai ou bien je vagabonderai ! » Il était ivre du matin au soir et se promenait dans