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Page:Dostoïevski - Un adolescent, trad. Bienstock et Fénéon, 1902.djvu/64

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— D’ailleurs, il est sur le point de repartir, ajouta Efime.

Et, comme je le priais de me conduire auprès de lui, il m’apprit que Kraft se trouvait en ce moment chez Diergatchov.

— Allons chez Diergatchov, continua-t-il. Pourquoi refuses-tu toujours d’aller chiez lui ? est-ce que tu as peur ? et son sourire essayait d’être ironique.

Je n’avais pas précisément peur d’aller chez Dier­gatchov ; simplement je me souciais peu d’y aller. Mais Kraft ne sortirait peut-être pas avant longtemps. Où l’attendre ? Décidément, le plus simple était d’aller le rejoindre. Son logis était tout près. En route, je demandai à Efime s’il avait toujours l’intention de s’em­barquer pour l’Amérique.

— Peut-être attendrai-je encore, répondit-il avec un léger sourire.

Elime était blond fade ; il avait la face ronde, très blanche, d’un blanc presque inconvenant, d’un blanc de bébé ; il était plus grand que moi : pourtant on ne lui eût pas donné dix-sept ans.

— Eh bien, y a-t-il toujours foule, là-bas ?

— Qu’est ce que cela peut te faire ? As-tu peur ? bouffonna-t-il.

— Va-t’en au diable !

— Allons, allons... Il ne reçoit que des gens de connaissance, des amis à lui.

— Ceux-là ou d ’autres, cela m’est bien égal. Mais, dis-moi, est-ce que, du fait que je serai entré, je se­rai, moi aussi, un ami ? Comment peuvent-ils être sûrs de moi ?

— Je t’amène, cela suffît. D’ailleurs, tu n’es pas tout à fait un inconnu pour eux, pour Kraft du moins,

— Dis-moi, Vassine y sera-t-il ?