Tous se levaient, en quête des chapeaux. Je me levai aussi.
— Permettez-moi de m’informer de votre nom, puisque aussi bien vous m’avez constamment regardé, me dit le professeur, avec un sourire ironique.
— Dolgorouki.
— Prince Dolgorouki ?
— Non. Dolgorouki tout court, fils légal d’un ancien serf, Macaire Dolgorouki, et fils naturel de mon ancien seigneur, M. Versilov. Rassurez-vous, messieurs : je ne vous dis pas cela pour que vous vous jetiez à mon cou et que tous, d’attendrissement, hurlions comme de jeunes veaux.
L’éclat de rire fut unanime, de sorte que le nourrisson, qui dormait dans la pièce voisine, s’éveilla et se mit à bramer. Je tremblais de rage. Tous serraient la main à Diergatchov et sortaient sans faire attention à moi.
— Allons, me dit Kraft.
Je m’approchai de Diergatchov, et, de toutes mes forces, je lui serrai la main.
— Excusez-moi pour les impertinences de Koudrumov (c’était le petit bonhomme roux), me dit Diergatchov.
Je sortis derrière Kraft.
Dans l’escalier je rejoignis Vassine, et, de l’air le plus naturel :
— Il me semble que vous connaissez mon père, je veux dire M. Versilov... .
— Je le connais, mais peu: je l’ai rencontré, je l’ai entendu parler...
— Que pensez-vous de lui? Excusez-moi... mais il