Page:Dostoïevski - Un adolescent, trad. Bienstock et Fénéon, 1902.djvu/75

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Tous se levaient, en quête des chapeaux. Je me levai aussi.

— Permettez-moi de m’informer de votre nom, puisque aussi bien vous m’avez constamment re­gardé, me dit le professeur, avec un sourire ironique.

— Dolgorouki.

— Prince Dolgorouki ?

— Non. Dolgorouki tout court, fils légal d’un ancien serf, Macaire Dolgorouki, et fils naturel de mon ancien seigneur, M. Versilov. Rassurez-vous, messieurs : je ne vous dis pas cela pour que vous vous jetiez à mon cou et que tous, d’attendrissement, hurlions comme de jeunes veaux.

L’éclat de rire fut unanime, de sorte que le nourris­son, qui dormait dans la pièce voisine, s’éveilla et se mit à bramer. Je tremblais de rage. Tous serraient la main à Diergatchov et sortaient sans faire atten­tion à moi.

— Allons, me dit Kraft.

Je m’approchai de Diergatchov, et, de toutes mes forces, je lui serrai la main.

— Excusez-moi pour les impertinences de Koudrumov (c’était le petit bonhomme roux), me dit Diergatchov.

Je sortis derrière Kraft.

V

Dans l’escalier je rejoignis Vassine, et, de l’air le plus naturel :

— Il me semble que vous connaissez mon père, je veux dire M. Versilov... .

— Je le connais, mais peu: je l’ai rencontré, je l’ai entendu parler...

— Que pensez-vous de lui? Excusez-moi... mais il