Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Autour de ces deux figures principales gravitent plusieurs autres « pauvres gens » ; ce sont des comparses dont il y a peu à dire ; parmi eux pourtant se détache avec un relief particulier le bonhomme Pokrovsky, ce vieillard crapuleux que relève au milieu de son abjection sa maladive tendresse pour un fils dont il n’est pas le père. La rédemption de l’ivrogne par le sentiment de la famille est, d’ailleurs, une idée chère à Dostoïevsky et sur laquelle il reviendra plus d’une fois. Le Pokrovsky des Pauvres Gens contient déjà en germe le Marméladoff de Crime et Châtiment et le Snéguireff des Frères Karamazoff.

Nous venons de nommer les deux maîtresses œuvres de notre romancier. Pour atteindre ces cimes de son talent, le débutant de 1846 a encore bien du chemin à faire : il lui reste à acquérir les secrets de la terreur comme il a déjà trouvé ceux de la pitié ; il faut qu’il apprenne à promener son lecteur, d’épouvantement en épouvantement, à travers le dédale sa-