Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/186

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est venu chez nous un inconnu, un homme d’un certain âge, presque un vieillard, décoré de plusieurs ordres. J’ai été fort étonnée, ne comprenant pas ce qu’il nous voulait. Fédora était sortie pour aller faire une commission. Après m’avoir demandé comment je vivais et ce que je faisais, il a déclaré, sans attendre ma réponse, qu’il était l’oncle de cet officier ; qu’il était très-fâché contre son neveu à cause de sa mauvaise conduite et parce qu’il nous avait déconsidérées dans toute la maison ; il a traité son neveu de gamin et d’étourdi, et s’est dit prêt à me prendre sous sa protection ; il m’a engagée à ne pas écouter les jeunes gens ; il a ajouté qu’il s’intéressait à moi comme un père, qu’il nourrissait à mon égard des sentiments paternels, et qu’il était disposé à m’aider de toute façon. J’étais toute rouge, je ne savais que penser, mais je ne me pressais pas de le remercier. Il m’a pris la main malgré moi, m’a tapoté la joue, a dit que j’étais fort jolie et que mes petites fossettes lui plaisaient beaucoup (Dieu sait les propos qu’il m’a tenus !) ; à la fin, il a voulu m’embrasser, disant qu’il était déjà un vieillard (il était si laid !). — Alors est entrée Fédora. Son arrivée a un peu troublé le visiteur ;