Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/75

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Heureus mari, voici bien pour toi ores,
Le plus beau iour qui iamais éclaira,
Le Mais la nuit, toute noire, encores
Le Trop plus belle te ſemblera.
Pour ce iourdui laiſſe au grand Roi ton pere
Les ieus de Mars, la lice & le tournoi,
LesCar la patronne de Cithere
LesAutres combats dreſſe pour toi.
Trop eſt ta gauche a bien volter connue,
Ta deſtre auſsi à toute arme porter,
TaMais garde qu’vne vierge nue
TaTrop tot ne te puiſſe matter.
Quoi ? ia déia me ſemble ouir les ailes
Des cines blans : voici la coche d’or :
DeEt qui eſt ce plein d’étincelles,
DeCe voleur qui les paſſe encor ?
Ie le connoi, il a deus yeus en teſte :
Bien ſois venu, Amour honneſte & ſaint :
BieMais tres-loin ſoit de noſtre feſte,
BieL’aueugle, vicieus & feint.
Fai fondre ici, Venus, tes cines vites,
Dans la cité de ton iuge Paris :
DaDeſcen auecques tes Charites
DaSur ces celeſtes lis flouris.
Ô de Cithére & de Cypre l’idole,
Mere du monde, à ce coup puiſſes-tu
MeEn ces deus perles qu’on acole,
MeMontrer ta feconde vertu.