Ceſſez le bal, ceſſez le bal mes dames,
C’eſt trop tenu d’attente languiſſant,
En l’ardeur de ſes chaſtes flammes,
Ce ieune mari periſſant.
L’heure ſ’enfuit, par vous ſoit emmenée
La Ninfe ſage : helas, elle rougit :
Ô douce vergoigne bien née,
Que de modeſtie en toi git.
Va hardiment, va Reine bien heureuſe,
C’eſt à ton Roi, ton mari, que tu vas :
Dequoi, pucelle, es tu peureuſe ?
C’eſt le ſeul ami que tu as.
Ce ſeul ami mille parens ſurpaſſe,
Ce ſeul ami mille reaumes vaut,
Iamais ſa foi ne verras laſſe,
Ni ſon cueur d’autre flamme chaut.
Roi Écoſſois, des François l’eſperance,
La nuit échape, & ie t’amuſe ici :
Or t’en va prendre iouiſſance,
Or t’en va la donner auſsi.
Or vous iouéz, or commencéz à viure,
Paiſséz vos yeus, beuéz mille plaiſirs,
Chacun de l’vn l’autre ſ’en-yure,
Et immortels ſoient vos deſirs.
L’arbre acolé & le rampant Lierre
Plus fort que vous ne ſoient entr’embraſséz,
Ni la vigne haute de terre
Et l’orme mieus entrelaſsés.
Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/77
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.