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à 7½ ou 8 heures du soir, le tout, bataille comprise, pour une trentaine de sous.

La moitié au moins de ces sous, était vite dépensée en boisson ; ces gens aux bras de fer, à l’endurance merveilleuse, imitaient les oiseaux du ciel en ce qui regarde leur avenir. Dire qu’ils ont atteint un âge avancé à ce régime sévère !

Un jour Madame Pierre Joessin Caisse dit à son mari d’aller à la sucrerie, à St-Henri, chercher son grand chaudron, lequel devait servir à la lessive. Quelques heures s’étaient écoulées et Pierre Joessin revenait à travers le bois : le chemin de ligne ne fut terminé qu’en 1834. D’une main il tenait son grand chaudron en équilibre sur sa tête, et de l’autre tenait son fusil.

Au détour d’un buisson, un petit ours noir, au nez rouge, venait folâtrer autour du bonhomme, un coup de feu l’abattit raide mort, après un petit grognement plaintif ; un bruit de pas se fit