Page:Doumic - George Sand Dix Conferences sur sa vie et son oeuvre 1922.djvu/123

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société, et le mariage est toujours, selon moi, une des plus barbares institutions qu’elle ait ébauchées. Je ne doute pas qu’il ne soit aboli, si l’espèce humaine fait quelque progrès vers la justice et la raison ; un lien plus humain et non moins sacré remplacera celui-là, et saura assurer l’existence des enfants qui naîtront d’un homme et d’une femme, sans enchaîner à jamais la liberté de l’un et de l’autre. Mais les hommes sont trop grossiers, et les femmes trop lâches, pour demander une loi plus noble que la loi de fer qui les régit : à des êtres sans conscience et sans vertu, il faut de lourdes chaînes. »

Si vous voulez savoir par quoi on remplacera le mariage aboli, écoutez le rêve que fait Silvia, et le projet qu’elle expose à son frère. « Nous adopterons, si tu veux, quelque orphelin ; nous nous imaginerons que c’est notre enfant, et nous l’élèverons dans nos principes. Nous en élèverons deux de sexe différent, et nous les marierons un jour ensemble à la face de Dieu, sans autre temple que le désert, sans autre prêtre que l’amour. Nous aurons formé