en train de réfuter ses propres paradoxes. Mais ce sont les paradoxes qui ont porté et dont on se souvient. Ce que j’ai voulu vous montrer, c’est, dans ces premiers romans de George Sand, à peu près tout le programme des féministes d’aujourd’hui. Droit au bonheur, nécessité de réformer le mariage, avènement dans un avenir plus ou moins éloigné de l’union libre — tout y est. Nos féministes d’aujourd’hui, nos romancières françaises, anglaises, norvégiennes, les théoriciennes à la manière d’Ellen Key dans son livre De l’Amour et du mariage, toutes ces rebelles n’ont rien inventé. Elles n’ont fait que reprendre et exposer — à vrai dire avec moins de lyrisme, mais aussi avec plus de cynisme — les théories de la grande féministe de 1832.
George Sand s’est défendue maintes fois d’avoir voulu attaquer les institutions dans ses romans féministes. Elle a eu bien tort, puisque c’est cela qui donne à ces romans leur valeur et leur signification. C’est ce qui les replace à leur date et qui explique l’énorme puissance d’expansion qu’ils ont eue. On était