Page:Doumic - La Poésie lyrique en France au dix-neuvième siècle, 1898.djvu/93

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une volonté suprême et la résignation à ses ordres : mais cette doctrine-là, c’est celle qu’enseigne la religion, et comme philosophie humaine, purement humaine, je crois cju’il y en a peu qui montrent autant de vigueur, autant de noblesse que celle que Vigny a exprimée dans ses Destinées.

Voilà donc, dans Alfred de Vigny, un poète philosophe, un poète penseur, un poète qui met, comme vous le voyez, dans ses vers autre chose que son histoire à lui-même, qui y met ses réflexions sur l’ordre du monde, ses idées sur l’ensemble de notre destinée.

Nous ne trouvous rien d’aussi profond en nous occupant de Théophile Gautier. Si Alfred de Vigny a eu des idées, c’est justement d’idées qu’a le plus manqué Théophile Gautier, qu’on appelait "Le bon Théo."

Le bon Théo, le bon Théophile Gautier, un excellent homme, en effet, avait débuté dans les rangs du romantisme, et pas comme un guerrier obscur ; mais il y avait débuté au premier rang, parmi les lutteurs... comment dire ?.... les plus flamboyants. C’était lui qui, vous le savez, s’était fait remarquer ce fameux soir, le soir de la première de Hernani.

Vous connaissez l’histoire de cette bataille littéraire, restée fameuse et restée presque unique. Il s’agissait, pour les romanticjues, de s’emparer du théâtre, sur lequel les classiques étaient jusque-là restés les maîtres incontestés. On savait qu’une liataille décisive serait livrée et, pour cette batailh’ Victor Hugo, en bon général d’armée (pli ne remet