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les apprentis de l’armurier

Mais il la saisit rudement par le poignet.

— On ne peut séparer une si bonne mère de son enfant, dit-il avec un ricanement sinistre ; puisque vous l’aimez tant, allez le rejoindre.

Il l’entraîna vers la fenêtre qu’il enfonça d’un coup de genou.

Elle ne se défendait pas, indifférente à son propre sort, dans l’écrasement de sa douleur.

Soudain, Harwelt recula avec un juron : Guy, escaladant le balcon, sauta dans la chambre, et se jeta sur lui avec une telle violence, que le misérable, déjà terrifié par cette apparition, trébucha contre un escabeau et s’abattit sur le carreau.

Alors, pesant de tout son poids sur sa poitrine, le jeune comte lui arracha son poignard et le lui planta dans la gorge !

— Là, pour un poltron, ce n’est pas mal, dit-il en se relevant et se secouant comme un barbet.

Puis, saluant la comtesse avec désinvolture :

— Cet imbécile-là me demande si je sais nager et se figure que j’aurai la bêtise de lui dire la vérité ! Il me prenait réellement pour Gaultier. Vous l’avez vu, mon Gaultier ! madame ?

— Oui, mon enfant… Vous n’êtes pas blessé ?

— Pas une égratignure ; un bain rafraîchissant, voilà tout. Mais Gaultier.

Au lieu de lui répondre, elle l’attira à elle, le contempla avidement, cherchant dans ses traits quelque chose qu’elle n’y trouvait pas.

— C’est étrange, murmura-t-elle.

Qu’y avait-il d’étrange ?

Était-ce la figure de Guy, avec ses cheveux collés comme les poils d’un chien mouillé, ses habits ruisselants et son air placide au milieu de toutes ces péripéties ?