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en wagon

rizière. Ou bien enlevé par quelque maladie terrible, entouré des siens en pleurs, cherchant vainement ce père qui l’avait renié pour lui confier ses orphelins dont pas un ne portait son nom…

Une petite s’appelait Marguerite comme la chère créature qui lui avait donné une année de bonheur, l’unique de sa vie.

Oh ! si elle avait vécu, tout cela ne serait pas arrivé, elle n’eut pas laissé le père et le fils se séparer à jamais ; elle eut retenu leurs deux cœurs près du sien…

Paul, Lina ; les noms des autres grands parents, sans doute, dont on devait souvent parler aux petits avec tendresse et respect.

Mais connaissaient-ils seulement son nom à lui ?

… Et c’était fini, son fils était mort ; était-ce possible ?…

Oui, il se rappelait, il y avait quelques semaines, il avait vu le facteur remettre à Alain une lettre bordée de noir ; comme les autres, elle ne lui avait pas été remise. Il comprenait maintenant, l’air bouleversé du vieux serviteur… Pauvre Alain ! il pleurait son jeune maître, celui qu’il avait porté et amusé tout petit.

Et lui, qu’avait-il donc fait, ce jour-là ?

Il était à la chasse !

Bien sûr, pas une pensée, pas un regret à l’absent !

… Et à présent, lui aussi, il pleurait, là, en wagon, à côté de la veuve.

« Oh ! mon Dieu, mon Dieu ! on s’entête, on ne veut pas céder, ouvrir ses bras à l’enfant que l’on pleure tout bas, et puis la mort vient, sournoise, vous le prendre et l’on ne sait même pas où est sa tombe. Comment, où, quand est-il mort ?

« N’est-ce pas terrible, un père à qui le hasard apprend ainsi la mort de son fils !