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les apprentis de l’armurier

ceindrez une couronne ; mais l’un aura la grandeur, l’autre le bonheur. L’un succédera à un empereur, l’autre épousera une reine, et tous deux vous finirez vos jours dans une prison royale.

— Peste ! mais au moins ne serons-nous pas séparés ?

— Ni dans la vie, ni dans la mort !

— Alors la prédiction est bonne et je la tiens pour vraie, s’écria joyeusement le jeune garçon en lançant sa toque en l’air.

Cette aventure qui valut à Gaultier le surnom railleur de « Chevalier du Corbeau », ne s’effaça pas de son esprit.

Souvent, lorsque passait quelque haut baron, le faucon au poing, suivi d’un cortège de pages et de valets — ou quelque chevalier vieilli sous le harnois, s’en revenant des pays lointains vers le vieux manoir quitté pour aller combattre les Infidèles — souvent l’humble apprenti, courbé sur son étau, songea à la prédiction de la bohémienne et murmura tout bas :

— Si c’était vrai !…