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dans la sierra

adressé à moi ; et je l’ai mené par le sentier des bohémiens, où il n’y avait jadis qu’eux et le diable pour passer et que je suis seul à connaître aujourd’hui. Nous sommes arrivés sans accident.

— À quelle heure ?

— Il pouvait être minuit, señor.

— Et, deux heures après, en pénétrant à leur tour dans la caverne, les soldats trouvaient l’individu en question frappé de deux coups de navaja.

— Je suis innocent, señor.

— Mais nul autre que toi n’a pu suivre le même chemin, tu l’as dit, et tous les autres étaient gardés.

— D’ailleurs a-t-on l’habitude de payer si généreusement un simple guide ? dit l’escribano.

— L’étranger était porteur d’une sacoche pleine d’or, il me la confia même aux passages difficiles ; si j’avais voulu mal faire, j’aurais pu la garder et le pousser dans l’abîme…

— On n’a rien retrouvé près de lui, mais cette bourse était un appât suffisant ; tu es pauvre, Diego ?

— Pauvre, mais honnête, señor.

— Jusqu’ici oui ; mais il y a commencement à tout…

— Mais, j’y pense, señor, dit vivement le malheureux se débattant contre l’effroyable accusation, comment a-t-on pu pénétrer dans la grotte ? Lorsque je l’ai quitté, le voyageur, pour assurer sa sûreté, avait retiré à lui la pièce de bois qui sert de pont… Il faudrait donc que l’assassin fût entré avec nous inaperçu ; c’est incroyable…

— Oui, c’est incroyable en effet, Diego, et si tu n’as rien de plus à dire pour ta défense…

— Je suis innocent, señor, répéta le guide sur le front duquel perlaient de grosses gouttes de sueur.

— Alors, d’après la déposition de la Maladetta et tes propres