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les apprentis de l’armurier

s’attendait à voir la couronne sur sa tête, le manteau de pourpre sur ses épaules, et le globe dans sa main.

— Rien ne prouve qu’il s’agisse de moi…

— Ne dis donc pas de bêtises ! Ai-je la mine d’un prince !

— Tu en as le cœur, mon Guy.

— Laisse donc ! Joli seigneur qui tremblerait dans son armure et n’oserait pas mettre flamberge au vent. Non ; ton serviteur, ton écuyer pour panser ton cheval, fourbir tes armes et coucher devant la tente, voilà mon rôle et c’est celui que j’aurais choisi.

— Qui sait !

— En tout cas, c’est facile à savoir.

Guy s’agenouilla devant le rouet silencieux qu’il baisa pieusement ; puis, selon l’indication de sa grand’mère, il appuya sur la cheville de droite.

Un ressort joua, et, glissant dans une rainure invisible, une lame de bois découvrit une sorte de tiroir, renfermant un rouleau de parchemin et une bourse de cuir.

Guy allait s’en emparer, Gaultier l’arrêta.

— Avant tout, frère, dit-il, un serment… Devant l’ombre de notre chère et regrettée mère, jurons de rester toujours frères et rien que frères l’un pour l’autre, sans reconnaître entre nous ni rang, ni distance.

— Cependant, Gaultier…

— Jure comme moi ou, sans cela, je brûle ces titres. Aucun ne vaudrait pour moi le frère que je perdrais.

— Soit !

Les mains unies, ils scellèrent le pacte fraternel.

— Ouvre maintenant.

Gaultier déroula le parchemin et lut : — « À mon bien-aimé fils Guy de Dampierre. »

— Hein ! s’écria Guy stupéfait.