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Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/48

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les apprentis de l’armurier

coin du royaume, Guy sortit de la ville, suivi d un cortège royal.

La colonne, précédée d’une musique guerrière, déroulait ses anneaux à travers la campagne qu’éclairait un pâle rayon de lune ; les garçons portaient des branches verdoyantes, les filles des bouquets fleuris.

Arrivés au sommet de la montagne « tombeau, dit l’historien, de deux cent mille barbares, » on éleva un immense bûcher.

Puis « le Roi » s’approcha au milieu d’un religieux silence et y mit le feu.

Aussitôt, le cri de : « Victoire ! Victoire ! » répercuté par tous les échos, jaillit de milliers de poitrines, et, au son du galoubet et du tambourin, une gigantesque farandole entoura le brasier ardent qui semblait encore dévorer les dépouilles des vaincus.

Chacun y jeta son rameau ou son bouquet, et quand, en même temps que les étoiles, les derniers tisons pâlirent, le « Roi » détachant sa couronne, l’y déposa à son tour.

Sa royauté d’un jour était finie.

Une heure après, abandonnant le sceptre pour le bâton du voyageur, il s’éloigna, non sans tourner bien des fois la tête en soupirant tout bas :

— La bienvenue de mes futurs sujets ne vaudra jamais l’adieu de mes bons compagnons.