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Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/50

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les apprentis de l’armurier

Les deux enfants cheminaient allègrement, le ballot de colporteur sur l’épaule (cadeau de maître Lansac pour aider aux frais de route), le bâton à la main, le sourire aux lèvres, et parfois aussi la larme dans les yeux quand ils songeaient à la bonne vieille qu’ils laissaient derrière eux, seule, sous le tertre verdoyant où, de longtemps, ils ne pourraient aller s’agenouiller pour bercer son sommeil de leur naïve prière.

— Douce m’a promis de lui porter des fleurs chaque dimanche, dit Guy répondant à sa pensée et à celle de son frère.

— Et maître Lansac s’est chargé de lui faire dire une messe à la Sainte Véronique.

— Pauvre grand’mère ! depuis qu’elle n’est plus, il me semble que je ne l’ai pas assez aimée et je me reproche mes moindres manquements.

— Elle était profondément dévouée à ses maîtres ; avec quelle tendresse elle parlait de ta mère !

— C’est dans le sang, dit Guy en regardant son ami avec un bon sourire.

— Oui, mon cher sire, et je compte bien imiter son exemple.

— Moi j’en suis sûr, répondit gaiement le gros garçon. Par tous les Saints, elle sera contente de son petit-fils ou elle sera bien difficile.

— Je ferai de mon mieux, dit simplement Gaultier, et l’on pourra trouver serviteur plus habile, mais jamais plus fidèle.

— Tu parles d’or, mon Gaultier, mais un peu d’adresse ne nuit pas en certain cas, et tu es d’une loyauté… inquiétante. Si j’avais un secret, je ne te le confierais pas…

— Parce que ?

— Parce que tu ne sais pas mentir ! Quand cela m’arrive, tu rougis pour moi et la rougeur me dénonce. Te rappelles-