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les apprentis de l’armurier

sine ! murmurait la tante Gerbaut, dans son orgueil maternel ; savez-vous, mon frère, qu’ils sont joliment appareillés.

L’armurier hochait la tête d’un air de doute.

De fait, la laide et sournoise figure d’Hugonet n’était jamais relevée par une mine gracieuse et avenante, et son air maussade et grincheux ressortait plus encore à côté du sourire angélique de la charmante fillette.

Un banquet rustique réunissait les villageois autour de la reine, dans la vaste cour du mas, dont les portes ouvertes et engageantes appelaient les malheureux à prendre leur part du festin.

Ils ne s’en faisaient pas faute, et une bande de loqueteux, dignes du pinceau de Callot, se pressaient à l’envi, autour de la table dressée pour eux, où, selon la touchante hospitalité du vieux temps, la reine les servait elle-même, aidée par ses suivantes et leurs chevaliers d’honneur.

Hugonet déployait dans ses fonctions autant de mauvaise grâce que sa cousine de gentillesse.

Douce encourageait les hésitants, les timides, trouvait un mot aimable pour chacun, et semblait une fée bienfaisante.

Soudain, elle avisa une pauvresse qui se tenait à l’écart et contemplait cette scène sans y prendre part.

— Voyez donc cette malheureuse, à l’air si triste et si las, mon cousin, dit-elle au jeune garçon ; vous devriez l’inviter à s’approcher.

— Elle n’est pas du pays, et il y a déjà ici bien assez de fainéants et de vagabonds qui festoient à nos dépens.

Douce n’insista pas, mais, choisissant un beau fruit dans une corbeille, elle s’avança vers la mendiante et le lui présenta avec son délicieux sourire si engageant.

— On ne refuse pas les présents de la reine de Maye, dit-