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Page:Dousseau - Grenade, 1872.djvu/20

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dalquivir, Alcazars, Mosquées ! ces mots semblent exhaler un parfum dont s’enivre l’âme poétique ! C’est comme une ivresse fascinante, pendant laquelle on se trouve transporté en plein islamisme espagnol, — mais Séville, situé au, milieu d’une vaste plaine et en terrain tout plat, n’a rien de pittoresque et ne jouit d’aucune perspective ; comme site et entourage, c’est de la prose vulgaire, tandis qu’à Grenade… aussi quand les sévillans s’écrient :

Quien no ha visto a Sevilla
No ha visto a maravilla.

Qui Séville n’a vu n’a pas vu de merveilles !

Les Grenadins ne manquent pas de répliquer :

Quien no ha visto a Grenada
No ha visto a nada.

On n’a rien vu si l’on n’a vu Grenade.

Nous en jugerons bientôt. Remarquons que Séville est port de fleuve comme Bordeaux, que Bordeaux est la capitale de l’Andalousie française, que Garonne et Guadalquivir sont cousins, et que chez l’un comme chez l’autre on cultive la gasconnade avec un succès digne des plus grande éloges.

Xérès, 35.000 habitants, est un autre Bordeaux pour le commerce des vins, seulement les vins ne se ressemblant pas comme les gasconnades, le Xérès du Midi ayant le tempérament plus méridional que celui du Nord. Donc ici, vignobles et celliers où se prépare le fumeux Cherry anglais, quand il ne se fabrique pas à Londres — au pied des riches collines de Xérès, si chères à Bacchus, au bord du Guadalette, remarquons la plaine où se répandit tant de sang lorsqu’en 711 les arabes de Tarick mirent en déroute les chrétiens de Roderic… nous en reparlerons.

Coquettement s’épanouit sur sa presqu’île la jolie ville de Cadix, la plus jolie ville de l’Espagne, la plus propre,