Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 59 )

vres qu’on lui attribue ; Joſué, Samuel n’ont jamais écrit leurs hiſtoires ; nos prophéties ne ſont que des fragmens tronqués, informes & mal digérés qui ne méritent pas grande foi. Après cela, confondant le gouvernement ſpirituel & temporel, il nous fait conſidérer toute l’œconomie des loix Moſaïques comme de pures ſpéculations à notre égard. Leur dit-il, propre qu’à eux, n’étoit faite que pour eux, & n’a rien de commun avec les autres hommes. On voit où il en veut venir, & il l’inſinue fort clairement : c’eſt que ſuivant ſes principes la Religion n’eſt que Police, & par conséquent que toute Religion eſt indifférente ; que toute Religion eſt bonne en ſoi, comme tout gouvernement eſt bon ſuivant les divers genres & les différens caractères des peuples qui veulent bien s’y ſoumettre : voilà tout le plan & la gradation de ce fameux Pirrhoniſme qui a tant de Sectateurs aujourd’hui. Je vais vous faire parcourir légèrement toutes ces matieres en vous marquant ſeulement les gros traits de l’ouvrage & ce qui m’a le plus frappé dans un examen aſſez ſuperficiel, & qu’aſſurément je n’ai point fait ex profeſſo.