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jim harrison, boxeur

bonnes mœurs. L’autre jour, pas plus tard, comme j’étais installé chez Wattier, ayant près de moi, sur ma table, tout ouverte ma tabatière de macouba premier choix, un évêque irlandais y fourra ses doigts impudents : « Garçon, m’écriai-je, ma tabatière a été salie. Faites-la disparaître. » L’individu n’avait pas l’intention de m’offenser vous le pensez bien, mais cette classe de la société doit être tenue à la distance convenable.

— Un évêque ! s’écria mon père, vous marquez bien haut votre ligne de démarcation.

— Oui, Monsieur, dit mon oncle, je ne saurais désirer une meilleure épitaphe sur ma tombe.

Pendant ce temps, ma mère était descendue et l’on se mit à table.

— Vous excuserez, Mary, l’impolitesse que j’ai l’air de commettre en apportant avec moi mes provisions. Abernethy m’a pris sous sa direction et je suis tenu de me dérober à vos excellentes cuisines de campagne. Un peu de vin blanc et un poulet froid, voilà à quoi se réduit la chiche nourriture que me permet cet Écossais.

— Il ferait bon vous avoir dans le service de blocus, quand les vents levantins soufflent en force, dit mon père. Du porc salé et des biscuits pleins de vers avec une côte de mouton de Barbarie bien dure, quand arrivent les transports. Vous seriez alors à votre régime de jeûne.

Aussitôt mon oncle se mit à faire des questions sur le service à la mer.

Pendant tout le repas, mon père lui donna des détails sur le Nil, sur le blocus de Toulon, sur le siège de Gênes, sur tout ce qu’il avait vu et fait. Mais pour peu qu’il hésitât sur le choix d’un mot, mon oncle le