Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/123

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été une épine dans nos flancs. Si nous pouvions les laisser au milieu de leurs brouillards avec des difficultés intérieures qui les tiendraient occupés quelques années, nous aurions les coudées plus franches pour écraser à notre aise ce prince hollandais. Leur dernière guerre civile a duré dix ans, la prochaine peut durer autant. Il ne nous faut pas ce temps pour porter notre frontière au delà du Rhin. Hein, Louvois ?

— Vos armées sont prêtes, Sire, et le jour où vous donnerez le signal…

— Mais la guerre est une affaire qui coûte cher. Je ne veux pas être obligé de vendre la vaisselle comme nous l’avons fait l’autre jour. Quel est l’état des finances publiques ?

— Nous ne sommes pas très riches, Sire. Mais il y aurait un moyen de se procurer promptement de l’argent. On parlait ce matin des huguenots et on se demandait s’ils resteraient ou non dans ce royaume catholique. Or, si on les chassait et si l’État confisquait leurs biens à son profit, Votre Majesté deviendrait immédiatement le monarque le plus riche de la chrétienté.

— Mais vous étiez opposé à cette mesure ce matin.

— Je n’avais pas eu le temps d’y réfléchir, Sire.

— Dites que le Père La Chaise et Bossuet n’avaient pas eu le temps de vous gagner à leurs idées, dit Louis sèchement. Ah ! Louvois, je n’ai pas vécu tout ce temps avec une cour autour de