Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/146

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vit la chambre tourner autour d’elle. Épouser le roi !

— C’est notre meilleur espoir. Nous voyons en vous une seconde Jeanne d’Arc qui sauvera à la fois la France et le roi.

Mme de Maintenon resta quelques instants sans prononcer une parole. Ses traits étaient redevenus calmes et elle tenait ses yeux fixés sur le dessin de la tapisserie pendant que son esprit était tout entier à la possibilité qui venait de lui être suggérée.

— Mais c’est impossible, cela ne se peut pas, dit-elle enfin.

— Et pourquoi ?

— Quel roi de France a jamais épousé une de ses sujettes ? Toutes les princesses de l’Europe lui tendent leurs mains. La reine de France doit être de sang royal.

— Tout cela n’est pas un obstacle.

— Et puis il y a les raisons d’État. Si le roi se remarie, ce doit être pour former une alliance puissante pour gagner quelque province que sa femme lui apportera en dot. Qu’ai-je à apporter en dot moi-même ? Une pension de veuve et un nécessaire à ouvrage.

Elle eut un rire forcé tout en tournant vers ses deux interlocuteurs des regards qui semblaient quêter une contradiction.

— Votre dot, ma fille, ce sont des dons du corps et de l’esprit que vous avez reçus du Ciel. Le roi possède assez d’argent, le roi possède assez de