Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/177

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— La gouvernante ! La veuve Scarron ! C’est impossible.

Elle lança son bras avec un geste de dédain et partit d’un éclat de rire bruyant et amer.

— Vous vous effrayez trop facilement, mon frère, dit-elle. Ah ! vous ne connaissez pas votre petite sœur. Peut-être si vous n’étiez pas mon frère, auriez-vous une plus haute opinion de ce qu’elle peut faire. Donnez-moi un jour, un seul jour, et vous verrez Louis, l’orgueilleux Louis, baiser le bas de ma jupe et me demander pardon de cette injure. Je vous dis qu’il ne peut pas briser les liens qui le retiennent. Tout ce que je demande, c’est un jour pour le ramener à moi.

— Mais ce jour, vous ne pouvez pas l’avoir !

— Pourquoi ?

— Le mariage a lieu cette nuit.

— Vous êtes fou, Charles.

— J’en suis sûr.

Et en quelques mots il lui apprit tout ce qu’il avait vu et entendu. Elle l’écoutait avec un air de fureur contenue et les poings serrés. Mais ce qu’il avait dit des Mortemart était la vérité. Ils étaient d’une race qui aimait la lutte, et c’était surtout au moment de l’action qu’ils étaient redoutables. La haine, bien plus que la consternation, était le sentiment qui remplissait son cœur, tandis qu’elle écoutait son frère, et toute l’énergie de sa nature se concentrait pour affronter la crise.