Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/202

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franchi, nous avions la route libre jusqu’à Paris.

— Mon cher ami, dit Catinat, en posant ses mains entravées sur celles de son camarade, me pardonnerez-vous de vous avoir traité comme je l’ai fait sur la route ?

— Bah ! je n’ai même pas pensé à cela.

— Vous aviez mille fois raison : je n’ai été, comme vous le disiez, qu’un sot, un triple sot. Vous vous êtes conduit noblement avec moi. Mais comment avez-vous fait ? Jamais je n’ai été aussi étonné que lorsque je vous ai reconnu.

Amos Green se mit à rire.

— Je me figurais bien quelle aurait été votre surprise si vous aviez su qui vous conduisait. Quand j’ai été jeté à bas de mon cheval je suis resté tranquille sur place, autant pour reprendre mon souffle que parce que je jugeais plus prudent de faire le mort que me relever avec toutes ces épées qui me cliquetaient dans les oreilles. Puis, quand ils m’ont quitté pour s’occuper de vous, je me suis glissé dans le fossé, que j’ai suivi en rampant ; ensuite, j’ai traversé la route en me tenant dans l’ombre des arbres, et je suis arrivé près de la voiture avant même qu’ils se doutassent que j’étais parti. J’ai vu tout de suite qu’il n’y avait qu’un moyen de vous être utile. Le cocher se détournait pour regarder ce qui se passait derrière lui. J’ai tiré mon couteau. J’ai sauté sur la roue de devant et je lui ai cloué la langue pour toujours.

— Quoi ! il n’a pas poussé un cri !