Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/255

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déjà saisi son maître par la taille. Montespan, fou de colère, les dents serrées et l’écume aux lèvres se tordit sous l’étreinte de l’homme et, empoignant son épée par la lame, il s’en servit comme d’un poignard et la lui enfonça à travers la barbe jusque dans la gorge. Marceau poussa un cri inarticulé et tomba à la renverse, le sang sortant à flot de sa bouche et de sa blessure ; nais avant que son meurtrier pût dégager son arme, Catinat et l’Américain, aidés d’une douzaine de ses propres gens, le renversèrent sur la plateforme et Amos Green le ligota solidement. Ses propres serviteurs eux-mêmes parlaient déjà de le traîner au billot destiné à sa femme, car Marceau était populaire et ils voulaient venger sa mort, quand soudain éclata dans l’air calme du matin une sonnerie de trompettes. Catinat releva la tête comme un chien de meute à l’appel du cor.

— Avez-vous entendu, Amos ? C’est la sonnerie de la Garde ! Au portail, Vous autres, vivement, et baissez le pont-levis. Allez et dépêchez si vous ne voulez pas payer pour les fautes de votre maître.

Amos, pendant ce temps, avait arraché l’ample manteau noir de Montespan. Il en fit un oreiller qu’il posa sous la tête de la femme toujours évanouie.

Il était encore penché sur elle quand le pont-levis s’abaissa, et un instant plus tard une troupe de cavaliers entra dans la cour avec un cliquetis