Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/291

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pensée lui traversa l’esprit, et son visage s’illuminant de joie, il courut vers Amos et lui dit quelques mots à l’oreille. Amos sourit et se dirigea vers le capitaine, qui s’empressa de faire appeler Catinat.

À peine lui eurent-ils fait part de leur idée que le jeune homme sauta de joie et descendit trouver Adèle dans sa cabine. Celle-ci tressaillit et rougit en détournant son visage ému, mais cette émotion était de la joie aussi. Et comme le temps pressait, et que sur la mer solitaire s’offrait l’homme qui pouvait réaliser leurs projets, si longtemps caressés, ils se trouvèrent, l’homme au cœur courageux et la femme au cœur pur, agenouillés devant le pasteur moribond, qui leva son bras amaigri pour une bénédiction et murmura faiblement les paroles sacrées qui devaient les unir pour toujours.

La scène avait de quoi impressionner tous ceux qui en furent témoins. Les mâts jaunis, les voiles gonflées et, dans ce décor instable autant que singulier, la face émaciée et les lèvres craquelées de l’officiant, les traits sérieux et attristés du vieux marchand, agenouillé et soutenant le pasteur moribond, Catinat dans son uniforme bleu déjà fané et sali, le capitaine Savage avec son visage de chêne tourné vers les nuages, et Amos Green, les mains dans les poches et une lueur de joie dans ses yeux bleus. Derrière eux, enfin, la longue silhouette de Tomlinson, le second, et le petit groupe de marins de la nouvelle Angleterre