Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Étonnée ! pourquoi ?

— Penser que vous, qui vivez au milieu de toute cette splendeur, vous vous abaissez à venir dans l’humble maison d’un mercier.

— N’y a-t-il pas dans cette maison quelqu’un qui m’est cher ?

— C’est cela même qui m’étonne le plus. Dire que vous passez votre vie parmi ce monde si beau, si élégant, si spirituel, et que vous me jugez digne de votre amour, moi qui suis une petite souris, si tranquille, si timide, si gauche, toute seule dans cette grande demeure.

— Chacun ses goûts, dit son cousin en caressant la petite main. Il en est des femmes comme des fleurs. Les uns aiment la rose dont les vives couleurs attirent le regard. Moi je préfère l’humble violette qui se cache parmi la mousse et qui est pourtant si jolie et qui répand une odeur exquise. Mais toujours cette ligne entre vos sourcils, ma chérie ?

— Je voudrais que mon père fût de retour.

— Pourquoi ? Êtes-vous donc si seule ici ?

La figure pâle de la jeune fille s’éclaira d’un sourire.

— Je vais l’être bientôt, répondit-elle. Mais je suis toujours inquiète quand il est absent. On n’entend parler que de persécutions contre nos frères.

— Bah ! mon oncle n’a rien à craindre. – Il est allé chez le Prévôt des Marchands pour cet ordre au sujet du logement des dragons.