Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/6

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— Quoi donc ? vous ne m’en avez pas parlé.

— Le voici.

Elle se leva et alla prendre sur un meuble une feuille de papier bleu auquel était appendu un sceau de cire rouge. Les sourcils noirs du jeune homme se rapprochèrent tandis qu’il le parcourait des yeux : « Avis vous est donné, disait la note, à vous Théophile Catinat, marchand mercier dans la rue Saint-Martin, que vous êtes par les présentes requis de fournir logement et subsistance à vingt hommes des dragons bleus du régiment de Languedoc, sous les ordres du capitaine Dalbert, et ce jusqu’à nouvel ordre. Signé de Beaupré, commissaire du Roi. »

Catinat savait bien comment cette méthode de vexations contre les huguenots avait été pratiquée dans la France entière, mais il se flattait que sa propre situation à la Cour mettrait son parent à l’abri de pareils outrages. Il jeta le papier loin de lui avec un geste de colère.

— Quand doivent-ils venir ?

— Ce soir.

— Ils ne resteront pas longtemps. Demain j’aurai obtenu l’ordre qu’ils partent. Mais le soleil s’est caché derrière l’église Saint-Martin, et je devrais déjà être en route.

— Non, non, je vous en prie ne partez pas encore.

— Je voudrais pouvoir vous laisser entre les mains de votre père lui-même, car j’ai peur de vous savoir seule ici quand ces soldats vont venir.