Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Aidez-vous d’abord vous-même.

Le huguenot se releva avec un geste de désespoir, tandis que le roi se remettait en marche escorté des deux ecclésiastiques qui lui murmuraient à l’oreille leur approbation.

— Vous avez agi avec noblesse, Sire.

— Vous êtes vraiment le premier fils de l’Église.

— Vous êtes le digne successeur de saint Louis.

Mais le visage du roi n’exprimait pas une entière satisfaction pour ce qu’il venait de faire.

— Vous ne pensez pas, alors, que ces gens sont trop durement traités ? demanda-t-il.

— Trop durement ? Vraiment Votre Majesté aurait plutôt à se reprocher trop de douceur.

— On me dit qu’ils quittent en foule mon royaume.

— Il faut s’en féliciter, Sire ; quels bienfaits peut espérer un pays qui donne asile à des infidèles aussi entêtés ?

— Ceux qui sont traîtres à Dieu ne peuvent guère être loyaux envers le roi, fit observer Bossuet. La puissance de Votre Majesté serait plus grande, si, dans vos États, il n’y avait pas de temples, ainsi qu’ils nomment leurs antres d’hérésie.

— Mon grand-père leur a promis protection. Ils sont abrités comme vous le savez par l’édit qu’il a rendu à Nantes.

— Mais il est au pouvoir de Votre Majesté de réparer le mal qui a été fait.