Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/65

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amertume, quand la main des méchants s’appesantit lourdement sur vos frères, quand les tribulations sont déchaînées, et qu’il y a des pleurs et des sanglots dans tout le pays !

— Que se passe-t-il donc ? demanda le jeune soldat, quelque peu interloqué par le langage biblique en usage parmi les calvinistes du temps.

— Vingt soldats moabites ont été cantonnés chez moi, commandés par un certain capitaine Dalbert qui est depuis longtemps un fléau pour Israël.

— Le capitaine Claude Dalbert, des dragons de Languedoc ? J’ai déjà une petite affaire à régler avec lui.

— Oui, et moi aussi j’ai sujet de me plaindre de ce chien de Ziphite cruel et indiscret.

— Qu’a-t-il fait encore ?

— Ses hommes sont dans ma maison, comme des mites dans une balle de drap. Ils sont partout, il s’est installé en maître dans la chambre qui est la mienne, avec ses grandes bottes sur mes chaises de cuir d’Espagne, la pipe à la bouche, un pot de vin à côté de lui, et jurant abominablement. Il a battu mon domestique Pierre.

— Ah !

— Et il m’a jeté moi-même dans la cave.

— Ah !

— Parce que, étant ivre, il voulait entourer de ses bras la taille de votre cousine Adèle.

— Le chien !

À chaque accusation les joues du jeune homme