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LE CAPITAINE DREYFUS

s’ingénier à faire la lumière le plus vivement possible.

Ma santé est bonne. Je continue à lutter contre tout, pour être présent, entre mes enfants et toi, le jour où l’honneur nous sera rendu. Je souhaite ardemment, pour toi comme pour moi, que ce jour ne tarde plus trop.

Je pense recevoir dans quelques jours de tes nouvelles, et, comme toujours, je les attends avec une impatience fébrile. Je t’écrirai plus longuement quand je les aurai reçues.

Embrasse beaucoup, beaucoup les deux enfants pour moi ; leurs chères petites lettres, comme les tiennes, comme celles de tous les nôtres, sont ma lecture journalière ; je n’ai pas besoin de te dire la bonne émotion qu’elles me causent. Reçois pour toi les plus tendres, les meilleurs baisers de ton dévoué,

Alfred.
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Le 5 février 1896.
Ma chère Lucie,

Le courrier ne m’a apporté aucune lettre. Je n’ai pas besoin de te décrire quelle déception poignante, je pourrais dire quelle douleur profonde j’éprouve quand cette seule consolation, quand tes paroles chères et aimées ne me parviennent même pas. Mais comme je te l’ai dit, ma chère Lucie, qu’importent les souffrances, j’oserais même dire les tortures, si atroces, si horribles soient-elles, car le but que tu as à poursuivre est plus élevé et domine tout : l’honneur de notre nom, l’honneur de nos chers et adorés enfants.