Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/256

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Il tira son sabre, et s’obligeant à montrer à ses hommes un visage calme, il se tourna vers ses chasseurs.

— Mes enfants, leur dit-il, une cavalerie qui en attend une autre de pied ferme est une cavalerie perdue. Nous allons donc charger, nous aussi ; mais nous obliquerons de suite à droite, d’abord pour éviter le choc, ensuite pour nous rabattre sur le flanc des cosaques… Est-ce compris ? Donc


La charge russe était partie.

direction sur moi : si je tombe, c’est à vous, de Sauterotte, qu’appartient le commandement… Nous sommes la seule cavalerie de l’armée et… l’armée nous regarde !

Nul ne répondit : tous avaient les yeux fixés sur la ligne russe qui s’ébranlait.

Mais plus d’un se signa, sentant venu son dernier jour.

Pierre et Delnoue étaient botte à botte. Quand le commandant eut fini de parler, ils se regardèrent et se comprirent.