Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/106

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Dans le silence profond des hautes altitudes, le bruit du gaz fusant par les clapets ouverts monta et grandit.

Quelques instants se passèrent à écouter ce ronflement qui ressemblait à celui d’une sirène lointaine.

— Faites-le lâcher, dit Georges Durtal, l’œil sur le baromètre. Nous voici à 1.600. La descente est commencée ; elle s’accélérera toujours assez vite…

Mais quand Bob eut lâché la poignée, le bruit continua, impressionnant…

Et Georges Durtal jeta un cri qui fit sortir aussitôt Christiane de la tente.

— Georges, qu’y a-t-il ?…

— La soupape ne s’est pas refermée… Le ballon se vide !…

Et la voix du jeune homme avait une expression d’angoisse indicible.

Presque aussitôt, l’œil au baromètre, il ajouta :

— Nous tombons !….

Il avait dit ce mot en français, car c’est toujours à sa langue maternelle que revient l’homme agité par un mouvement violent de l’âme.

Mistress Elliot avait cependant compris, car elle se montra, à son tour, effarée. On ne voyait que ses petits yeux gris, fixes comme ceux d’un oiseau hypnotisé par les serres d’un vautour.

Sir James s’était élancé vers Georges Durtal, et, d’une voix étranglée :

— Que dites-vous ?