Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/188

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— Voici la manette d’ouverture, sans doute, fit l’Américain en tournant de quelques spires la petite roue de cuivre.

Soudain, un jet blanchâtre jaillit de l’extrémité filetée du tube avec un bruit effrayant. Il semblait que le crépitement d’une fusillade se fût déchaîné soudain. Des gouttelettes brillantes, semblables à du métal en fusion, furent projetées dans la neige, quelques-unes assez loin, et semblèrent y éclater comme de petits projectiles, en flocons bleuâtres.

Un recul général s’ensuivit, et mistress Elliot, qui venait de remonter dans la nacelle en repliant son kodak, disparut dans la tente d’arrière.

Par bonheur, aucun des passagers ne s’était trouvé sur le trajet de cette mitraille d’un nouveau genre ; car chacun des projectiles, faisant office de balle explosible, eût été meurtrier.

Sir Elliot avait refermé aussitôt le dangereux orifice.

— Impossible d’utiliser une force aussi brutale, dit l’officier, dont le visage manifesta une vive déception : on crèverait fatalement l’enveloppe en lui envoyant directement le gaz sous cette forme.

— C’est extraordinaire, dit l’Américain, fort impressionné. Je n’aurais jamais cru à de pareils effets.Notre mitrailleuse Hotchskiss crache de cette façon.Ce sont de véritables paquets de balles qui sont partis là, et cet engin-là a plutôt l’air d’un canon pour ours blanc que d’un tube de ravitaillement.

— Tenez, montra Christiane, voyez ce trou dans