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Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/41

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trois heures devant suffire à leur aérostat, l’Aigle, pour arriver au point de convergence des méridiens.

Et Andrée n’avait pas reparu.

Jamais on n’avait retrouvé trace de l’Aigle et de ses passagers.

On les avait supposé engloutis dans la mer qui s’étend entre le Spitzberg et la Nouvelle-Zemble. Ils avaient dû plonger à pic et disparaître à jamais sous les glaces éternelles, car, par le jeu des courants, des vents et des glaciers, des débris de leur ballon eussent dû être recueillis au Groenland, où arrivent, chaque année, des bois flottes de Sibérie.

Jamais Esquimau, Lapon ou Samoyède n’avait trouvé et rapporté en pays civilisé une corde, un instrument, un objet quelconque, révélant, en un point quelconque, le passage d’Andrée.

On n’avait de lui que deux bouées flottantes jetées quelques heures seulement après le départ et disant que « tout allait bien ».

Les pigeons voyageurs dressés dans les îles Lofoden et emportés par Andrée n’avaient jamais reparu à leur colombier.

L’expédition tout entière avait disparu dans l’inconnu mystérieux et troublant du Pôle sans laisser de traces.

Et maintenant, Georges Durtal en était sûr, c’était ce tragique ressouvenir qui lui avait glacé l’âme, au premier moment. Il avait suffi d’un regard de jeune fille pour dissiper cet instinctif effroi.