Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/105

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— Son fils Omar y sera-t-il aussi ?

— Oui.

— Alors nous avons quelque chance d’en réchapper ; partons. Demande seulement à ton Amzigh qu’il ménage un peu cette enfant blessée et lui donne une monture.

— Nous avons tous des montures, à raison d’un méhari pour deux d’entre nous.

— Alors, c’est bien, je me charge d’elle. Remercie Amzigh et dis-lui que le fils du sultan lui saura gré de l’hospitalité offerte à son ami.

Ce ne fut pas douze jours, mais dix-huit, qu’employa la caravane à atteindre les premières oasis de l’Aïr.

Il fallut s’infléchir vers le Sud pour éviter le plateau tourmenté de l’Adrar dépourvu d’eau, traverser la région pierreuse des Aouellimiden, franchir le lit sablonneux du Sakerret, fleuve immense qui descend du massif du Tassili-Ouan-Ahaggar et dont le cours inconnu des Européens rejoint le Niger à Gomha.

De Melval aurait bien voulu savoir si cet oued desséché était le même que celui dont Clapperton décrit le cours dans les environs de Sokoto ; mais aux questions qu’il adressa à ses guides ou plutôt à ses gardiens, nul ne répondit.

Il n’avait d’ailleurs qu’un intérêt très indirect à résoudre cette question ; ce voyage, qu’en toute autre circonstance il eût trouvé horriblement pénible, revêtait, grâce à la présence de la jeune fille, un caractère plein de charme et de poésie.

A son tour, il l’entourait de mille soins, la soutenant de ses deux bras, assise devant lui sur le méhari, accoutumé fort heureusement aux balancements saccadés de cette monture saharienne, puisque ses tirailleurs étaient montés de même pendant leurs périodes de marches.

Le soir, elle s’étendait auprès de lui, comme elle l’avait fait pendant cette nuit qu’il avait cru la dernière, et une immense tendresse pour elle emplissait son cœur ; elle se fût donnée à lui sans une hésitation ; mais l’idée ne lui venait même pas de la prendre. Il écoutait sa respiration d’enfant, mettait un baiser sur son front et s’endormait, ne voyant