Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/106

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plus qu’à travers un brouillard Alger, Christiane et ses serments.

Insondables mystères de l’amour, qui vous connaîtra jamais !

Le seizième jour, les premières végétations annoncèrent l’approche de l’Asben ; la caravane entra dans la zone des steppes ; les herbes se montrèrent d’abord dans les creux, entre les ondulations du terrain, puis sur les renflements du sol. Les premiers arbres apparurent ; c’étaient des « toundoub » aux troncs tortueux et déchirés, aux grosses branches recourbées et pendantes[1] ; les acacias et les palmiers doums leur succédèrent, et une splendide région s’étendit sous les yeux des voyageurs.

Les antilopes à longues cornes y bondissaient au milieu d’une verdure luxuriante, les lions s’y montraient par bandes, mais des lions d’une espèce particulière, dépourvue de crinière, comme les lions de l’Inde, et n’attaquant pas l’homme ; des sangliers gîtaient dans des fourrés de tamaris, et des singes sautaient d’un palmier à l’autre, se balançant curieusement à cent pieds du sol.

Enfin, au sortir d’un défilé rocheux, au fond duquel coulait un maigre filet d’eau, un groupe de maisons grises apparut entre les figuiers d’un merveilleux jardin.

C’était Aghadès.

Siège, autrefois, d’un immense marché qui s’est déplacé à la fin du siècle dernier, lorsque les Touaregs s’emparèrent de Gogo, Aghadès avait vu sa population descendre de 70.000 à 8.000 habitants.

Sa position géographique la mettant d’ailleurs à une centaine de kilomètres du chemin frayé par les caravanes qui vont de Mourzouk au Damergou, route suivie par Barth en

  1. Dr Barth.