Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/112

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En ce moment, la porte s’ouvrit et Omar parut.

Dès qu’elle se fut refermée, le mettant à l’abri des regards du nègre qui gardait les prisonniers, l’expression de la figure du jeune prince changea subitement.

De dure elle devint souriante, et s’élançant les bras tendus vers de Melval :

— Toi ici ! mais comment as-tu pu y arriver sans être tué dix fois ?

En quelques mots le capitaine le mit au courant.

Alors il remarqua la jeune fille qui, assise dans un coin de la pièce où elle s’était retirée discrètement, conservait l’immobilité d’une statue.

— Petite esclave ou petite maîtresse ? dit-il.

— Ni l’une ni l’autre, dit l’officier.

Et il lui donna des détails sur son origine, sa tribu et le rôle qu’elle avait joué dans les événements à la suite desquels ils venaient d’échouer là, sans parler toutefois du revirement qu’elle avait subitement opéré en lui.

— Alors, dit le jeune prince, méfie-toi, car elle ne restera pas longtemps avec vous.

— Et pourquoi ?

— Mais parce qu’elle est ravissante, ce qui n’est pas commun ici, et, parce qu’un beau jour, un chef viendra la demander à mon père.

— Diable !

— Cela t’ennuierait ?

— Certes.

— Elle n’est pourtant pas ta maîtresse, d’après ce que tu me dis ?

— Tu vois bien que c’est encore une enfant, et c’est pourquoi ça me ferait un très désagréable effet de la savoir côte à côte avec un de tes négros, fût-il de souche royale.

— Et pourtant, c’est ce qui l’attend.

— Tu n’as qu’à dire à ton père que j’y tiens.

— Mon père ! ce sera déjà beaucoup d’obtenir de lui votre grâce ; car je ne te l’ai pas dit, mais son ordre est formel : tout Européen doit être mis a mort.

— Sait-il que nous sommes ici ?

— Oui, je le lui ai dit et il m’a répondu qu’il réfléchirait.