Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/122

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nom ; dites, mon lieutenant, que j’en suis comme une tomate.

Et, oubliant les indigènes qui les entouraient, l’ancien moniteur de gymnastique de la troisième du quatre fit un saut périlleux suivi d’une roue magnifique.

Ce fut un ébahissement des Arabes présents, et les Soudanais de la garde du sultan qui furent témoins de cet exploit clownesque eurent, dès ce jour, en haute estime le gaillard capable d’exécuter de pareilles pirouettes.

Et nul ne sait où le brave garçon se fut arrêté dans l’élan de sa joie, si un officier de la garde, envoyé par Omar, n’était venu prévenir le lieutenant que son maître les priait de venir revêtir un costume complètement arabe, en échange de leur tenue devenue trop dangereuse dans le milieu nouveau où ils allaient vivre.

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Le lendemain de ce jour, Ben-Amema, escorté d’une centaine de cavaliers, arrivait à Aghadés, venant de Rhat.

Il entra au galop dans la rue principale de la ville, suivi d’un tourbillon de poussière où bondissaient des chevaux de pure race, évoquant l’image de ces fameux Numides qui firent jadis trembler les légions romaines.

C’est de Rhat, oasis située au sud du Fezzan, sur la route de Ghadamez au Tchad, que son active propagande avait rayonné sur l’Algérie, la Tunisie et le Maroc.

De là qu’étaient partis les marabouts fanatiques que lui avait envoyés le cheik El-Senoussi pour agir d’abord sur les populations arabes échelonnées de Tambouctou au Gourara, et couper ensuite toute communication entre le Soudan et les côtes méditerranéennes.

Il avait réussi au delà de toute espérance dans cette première partie de sa tâche, tant était grande sur ces populations l’influence de cette secte des Senoussis qui avait juré l’extermination des infidèles.

Pour la première fois, on avait vu des tirailleurs algériens déserter en masse ; ils n’avaient pas tué leurs officiers, mais ils les avaient abandonnés avec leurs maigres cadres français au milieu des solitudes sahariennes, et si quelques-uns, comme de Melval et Zahner, avaient pu échapper aux lances