Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/125

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Les sourcils ombragés de touffes épaisses de poil blanc atténuaient la vivacité de son regard rendu étrange par le cercle blanc qui séparait la cornée de la sclérotique, signe certain de la pureté de la race. Le fond de ses yeux d’un brun rouge disait les nuits passées sur le sable et le rayonnement torride du soleil sur la surface brillante de l’Erg.

Sa réputation de sagesse et de cruauté lui valait une autorité incontestée sur toutes les tribus de la confédération.

— Les Imohagh[1], dit-il, que Dieu les bénisse, ont compris le besoin de s’unir et je t’apporte ici le traité d’union qui vient d’être conclu entre leurs quatre confédérations si longtemps rivales : les Adjer, supérieurs à tous les autres par leur nombre et par leurs richesses, les Hoggars dont les guerriers sont les plus redoutés, les Kel-Owi qui ont donné leur nom à l’Afrique[2], et les Aouellimiden du Sud qui jadis firent la conquête du Soudan, ne forment plus désormais qu’un seul peuple et une seule armée sous mes ordres.

A eux se sont joints les Berbères, Tagania, qui faisaient jadis commerce de leurs femmes avec les voyageurs et ont renoncé à ces pratiques indignes, défendues par notre sainte religion.

Leurs chefs, se sont réunis dans le lieu le plus vénéré de tous les habitants du désert, au Msid d’Ahd-el-Kerim, où ce saint iman convertit à l’islam les païens d’Haoussa.

Leurs cavaliers sont prêts et leurs provisions sont faites ; ils sont moins nombreux que leurs frères de la côte, mais

  1. Nom que se donnent les Touaregs dans leur dialecte pour rappeler qu’ils ont dans les veines du sang du Prophète.
  2. On prétend que le nom de la troisième partie du monde vient de Aourigah, nom porté encore aujourd’hui par une importante fraction des Touaregs Kel-Owi.