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Cette région avait été absolument inconnue jusqu’en 1876, époque à laquelle Stanley, venu du lac Tanganika, se lança audacieusement sur le grand fleuve africain et le descendit jusqu’à son embouchure.

Il avait accompli une navigation de 1.700 kilomètres et livré trente-deux combats pour s’ouvrir un passage.

Il avait reconnu que le centre africain, marqué sur les cartes par une large tache blanche, était un des pays les plus peuplés du globe.

Les Noirs y grouillaient.

Des combats s’y livraient entre peuplades capables de mettre sur pied 30.000 guerriers et 2.000 canots armés.

C’était une révélation.

Derrière le grand aventurier, de hardis pionniers se lancèrent à leur tour sur le grand fleuve et ses affluents.

Un Italien, Massari, explora le Koango ; le lieutenant Wissemann descendit le Kassaï, un des plus grands affluents de gauche du Congo ; le docteur Wolf remonta le Sankourou, et le lieutenant von François la Tchoupa.

L’acte général de la conférence de Berlin, signé le 26 février 1885, avait reconnu sur tous les pays englobés dans les découvertes de Stanley, la souveraineté de la Belgique et l’indépendance du nouvel État du Congo sous l’autorité du roi des Belges, ainsi que la liberté de la navigation du fleuve.

Le traité de Berlin, en 1886, avait consacré cet état de choses, et des officiers belges en grand nombre : les Hansens, Walke, Devinton, Van Gele, Orban, Coquilhat et Van Kerkhoven, avaient semé partout des postes et reculé les limites du nouvel État.

Mais à côté de l’influence européenne, essayant d’appeler à la civilisation ces contrées jusque-là perdues, s’était assise une autre autorité basée sur la terreur et dont le produit immédiat était l’esclavage.

Les Arabes du Soudan, regardant comme une mine d’esclaves ce fourmillement humain du bassin congolais, s’étaient mis en chasse, aidés par la poudre et les fusils que leur vendaient les Anglais, et quand Stanley traversa pour la troisième fois le continent noir en 1888, il rencontra leur chef, Tippo-Tib.