Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/178

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— Oui, messieurs, il appartient à notre Comité, à cette réunion d’hommes ardents, généreux, patriotes, de percer le mystère dont s’enveloppe le continent noir depuis trois mois. Notre vieille réputation exige que nous ne nous laissions pas devancer dans cette tâche par les puissances voisines. Nous n’y faillirons pas !

En trente ans, le Comité de l’Afrique française a lancé à travers ces immenses territoires encore mal connus, plus de soixante-dix explorateurs ; il a noué des traités avec vingt rois et placé sous notre protectorat des contrées plus vastes que la mère patrie.

Et son œuvre serait arrêtée, que dis-je, anéantie par une révolte de Noirs, par un soubresaut de ce continent barbare ! La civilisation reculerait devant la masse grouillante que recèlent les profondeurs africaines !

Le Transsaharien, cette œuvre géniale attendue depuis si longtemps, retomberait dans le domaine des avortements !

Non !… la France se trouve en présence d’un soulèvement de l’islamisme : elle en subira le premier choc, car elle est en Afrique l’avant-garde des nations civilisées.

Il faut qu’elle connaisse les forces qu’elle a devant elle.

Dans un mois au plus, j’ose affirmer qu’elle les connaîtra.

Messieurs, je pars dans cinq jours sur mon ballon le Tzar, et je m’applaudis de pouvoir mettre au service de mon pays, dans une circonstance aussi grave, cet engin aérostatique dont vous avez suivi les récentes expériences !

Le président de la réunion, l’amiral Campion, se leva alors :

Il lut les télégrammes reçus d’Alger, du Caire, d’Aden, de Loango, du Galion, du Cap, de Quilimane et de Zanzibar, télégrammes remplis de détails sur les massacres qui s’accomplissaient systématiquement à quelques kilomètres des côtes.

Ils annonçaient l’incendie des factoreries, la fuite des négociants abandonnés de leur personnel noir et refluant vers les ports d’embarquement.

Enfin ils signalaient sur vingt points différents des rassemblements considérables.