Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/179

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— Ce sont ces rassemblements, mon cher et éminent collègue, dit-il en terminant, dont vous voulez aller vérifier l’existence, déterminer la direction de marche et deviner les objectifs : ceux surtout qui menacent nos possessions méditerranéennes et qui paraissent les plus redoutables de tous.

Tout fait prévoir qu’il s’agit d’une levée de boucliers musulmans : vous voulez partir au-devant de ces hordes qui s’annoncent comme jadis par le fer et le feu.

C’est un honneur pour notre Société de compter parmi ses membres un vaillant tel que vous.

Ses vœux et ceux de la France entière vous accompagneront !

Et l’assemblée avait émis, à l’unanimité, avant de se séparer, un vote de flétrissure contre les négociants anglais et allemands, assez infâmes pour vendre des armes perfectionnées aux Noirs, ainsi que le prouvaient de nombreux renseignements puisés aux sources les plus authentiques.

Le lendemain de cette mémorable séance, tout Paris connaissait le projet de M. Durville, et ce nom devenait fameux du jour au lendemain.

Un enthousiasme extraordinaire s’emparait de toute la population.

C’est que son aérostat le Tzar était déjà connu.

Maintes fois les Parisiens avaient vu passer au-dessus d’eux un aérolithe de forme étrange, dont les mouvements les avaient extraordinairement intrigués au début.

En effet, au lieu de se maintenir à une hauteur déterminée, comme les ballons dirigeables à hélice dont quelques spécimens avaient été construits, il apparaissait tantôt à 2.000, tantôt à 300 mètres, et, cela, à quelques minutes d’intervalle ; en le voyant descendre avec une rapidité effrayante suivant une ligne oblique, les curieux ne pouvaient retenir des cris de terreur.

En un instant, de lentille minuscule perdue sur les sommets de l’azur, il devenait gros comme le dôme de Saint-Augustin.

Puis, au moment où on le croyait près de s’abîmer contre le sol ou sur les toits, il changeait soudain d’incli-