« tions et qu’il vous fasse participer aux grâces qu’il répand sur ses Moudjehedin[1]. Qu’il reçoive dans son paradis ceux de vos enfants qui viennent de tomber sous les balles des infidèles.
« Et ceux-là, que Dieu les maudisse »
Il se tut et les chefs répétèrent :
« — Que Dieu les maudisse ! »
« Je vous ai appelés, reprit-il, parce que l’heure approche.
« L’heure de la Djiahd[2] que nous attendons depuis longtemps !
« J’ai besoin de savoir si vous serez bientôt prêts.
« Vous connaissez par les émissaires que je vous ai envoyés le plan grandiose que Mohammed, notre Prophète (que son saint nom soit béni), m’a révélé depuis cinq ans déjà.
« C’est l’anéantissement de l’Europe ; c’est la domination de l’Islam sur les royaumes infidèles ! c’est la vengeance de l’Afrique opprimés !
« De l’Afrique trop longtemps morcelée et que la volonté d’Allah met à cette heure tout entière dans ma main pour l’accomplissement de ce qu’il a résolu !
« Allah ou ekbar ! Dieu est le plus grand, fit-il, d’une voix inspirée. »
« — Dieu est la plus grand ! répétèrent les Africains. »
Le sultan s’était animé ; il se leva, dressa sa haute taille et montrant le Nord de son bras amaigri d’ascète :
« — L’Europe est pourrie ! fit-il d’une voix tonnante, elle est pourrie comme ces vieux sycomores que le vent du sud abat tout d’un coup, pourrie dans ses mœurs, pourrie dans sa religion !
« Tout peuple qui perd sa foi marche à la décadence, a dit le livre du Prophète :
« Or, la foi est morte dans cette société trop vieille, usée par le bien-être.
« La décadence est venue.
« La mort doit suivre.
« Ses peuples sont prêts à s’entre-déchirer.