Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/23

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gnes du pays qui m’obéit ; ce signal sera répété pour que la bonne nouvelle soit rapidement transmise au loin. Lorsqu’il apparaîtra ; tous les postes belges du pays, qu’ils appellent « l’Etat libre », seront anéantis au même instant. Nous sommes tes fils, qu’Allah guide notre père ! »

Et après lui, Si-Amed-ben-Snoussi, le cheik suprême de la confrérie formidable des Snoussi qui comprend trente millions d’adhérents et se recrute du Maroc à l’Egypte ; Ben Snoussi parla. C’était un marabout ascétique au visage troué par la petite vérole, au regard faux, aux gestes doucereux.

Posté dans son oasis de Djerdoub en Tripolitaine, il attendait le jour du soulèvement islamique comme le voyageur attend la pluie.

Il était prêt : des milliers de Kouans[1] allaient le suivre, se préparant à la grande lutte par le recueillement et la prière.

Puis ce fut le tour d’Abdallah-ben-Amema, le descendant du grand agitateur algérien.

Il assura que la rébellion était orga nisée dans les provinces françaises et Si-Amed-ben-Snoussi. «  en Tunisie ; que l’empereur du Maroc, serait renversé au premier signal, et que le nouveau chérif d’Ouazzan avait renoncé à ses relations d’amitié avec la France pour avoir les mains libres.

Après lui, un fils du Mahdi soudanais, Mahmoud, vint faire acte de soumission entre les mains du commandeur des croyants.

« — Tu es le maître de l’Islam, le khalife que Dieu conseille, dit-il, et je te suivrai. »

Pendant qu’ils parlaient, la lumière des torches que portaient les Pygmées avait pâli devant les premières clartés de l’aurore.

Là-bas, du côté du Nil, le soleil allait bientôt paraître.

Le sultan de Zanzibar, gagné à la cause africaine, avait envoyé un affidé. Détestant les Anglais, réduit par eux

  1. Frères, disciples.