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couleurs, disposés symétriquement par rapport à l’axe de la marche.

À la hauteur où étaient placés les aéronautes, on pouvait en embrasser complètement l’ensemble et le dispositif.

C’était en plus grand celui que le maréchal Bugeaud avait préconisé et rendu célèbre à la bataille de l’Isly, sous le nom de « tête de porc ».

C’était celui avec lequel il avait pénétré au milieu des 60.000 cavaliers de Muley-Mohammed, fils du sultan du Maroc, « comme un lion au milieu de 100.000 chacals », suivant l’expression d’un témoin oculaire arabe.

En tête, dans l’axe de la marche, un petit groupe de cavaliers entourait un maréchal des logis de Spahis monté sur un méhari pour être vu de plus loin.

Ce sous-officier portait un grand fanion rouge qui devait servir à chacun des bataillons échelonnés en arrière, pour conserver par rapport à l’axe de marche sa position relative.

C’était le fanion de direction, point vers lequel convergeaient tous les regards.

Derrière ce petit groupe s’avançait le bataillon des chasseurs à pied, reconnaissables à leur uniforme sombre.

Il marchait en carré, la compagnie de tête en ligne déployée, deux autres marchant par le flanc sur les côtés, prêtes à faire face à droite ou à gauche pour y fournir des feux. Au milieu des carrés les mulets, porteurs de caissons de cartouches, étaient tenus en main par leurs conducteurs.

En arrière de ce bataillon une épaisse colonne de mulets s’avançait lentement, et du milieu de la masse presque rectangulaire qu’elle formait, des milliers de scintillements montaient jusqu’au ballon.

L’interprète jusque-là silencieux les montra à ses compagnons, pendant que le ballon évoluant lentement se dirigeait vers le « museau de la tête de porc ».

— L’artillerie de montagne, dit-il, il y a là au moins huit batteries.

Sur les côtés, les bataillons en carrés s’échelonnaient, se débordant, se flanquant les uns les autres, et l’ingénieur en compta plus de trente donnant à chacun des côtés du losange une longueur de 1.200 à 1.500 mètres.

Entre ces deux branches, d’autres carrés s’allongeaient,