Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/263

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et comme le Tzar arrivait à hauteur du fanion de direction, Guy remarqua que six d’entre eux étaient formés de cavalerie marchant en ligne de colonne de pelotons ; bien qu’elles fussent à l’intérieur du losange, chacune de ces colonnes avait en face d’elle l’espace réservé entre eux pour se lancer à la charge.

Au centre du dispositif marchait une longue colonne d’où montaient une épaisse poussière et des cris rauques de chameaux.

C’était le convoi.

Et quel convoi !

Derrière l’ambulance, reconnaissable à ses drapeaux blancs à croix rouge, s’entassaient plus de 20.000 chameaux et mulets.

Les uns portaient des sacs d’orge, du biscuit, du bois, d’autres des tonnelets formant l’équipe d’eau nécessaire pour s’avancer dans ce pays de la soif où les puits échelonnés de vingt en vingt kilomètres n’eussent jamais pu suffire à une pareille agglomération de combattants.

Le troupeau sur pied suivait immédiatement le convoi ; il était composé de plusieurs milliers de bœufs et de moutons et un cordon presque continu d’hommes à pied entourait les animaux pour les empêcher de s’échapper et de jeter le désordre dans les colonnes latérales.

Derrière cette agglomération, trois nouveaux bataillons marchaient dans le même ordre que les précédents, suivis eux-mêmes de cavaliers dispersés en éventail.

C’était l’arrière-garde.

— Voici le fanion du général, dit Saladin, en montrant du doigt un fanion tricolore dominant un petit groupe de cavaliers.

— Je le distingue lui-même très nettement derrière son escorte, déclara Guy.

— C’est d’ailleurs sa place dans une formation de cette nature, répondit Saladin qui avait approfondi assez sérieusement l’histoire de la conquête d’Algérie : le maréchal Bugeaud avait choisi la même, et disait qu’il se tenait là « entre les oreilles de sa hure », prêt à envoyer son artillerie sur les points les plus menacés, ou à soutenir les parties faibles de la ligne avec ses bataillons de réserve.