Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/312

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rait ces hordes sans ordonnancement visible et que tout cela finirait par une lutte au couteau.

Sur l’une des faces déjà le feu avait cessé, le corps à corps commençait avec ses clameurs, ses cris d’agonie, ses appels désespérés, ses commandements fiévreux ; avec ses coups de feu isolés, tirés à bout portant, l’éclair des baïonnettes disparaissant dans les corps nus et le mouvement rapide des couteaux qui traitreusement coupaient les jarrets et ouvraient les entrailles..

A son tour, l’autre face fut atteinte, rompue, émiettée, sous les pressions intérieures et extérieures agissant simultanément.

L’artillerie se tut complètement, noyée dans les flots grossissants de l’Islam.

De nouveau un régiment de cavalerie, le dernier, se dévoua : c’était celui des chasseurs d’Afrique de la province d’Alger.

Il était trop tard.

En moins de temps encore que le précédent, il s’évanouit sans avoir pu charger, disloqué, dès le départ, par les Noirs audacieux qui sautaient aux rênes, se suspendaient aux étriers, recevant dix coups de sabre sans lâcher prise, grappes humaines attachées au flanc des animaux.

Nul pinceau ne pourrait dépeindre le tableau de carnage tel qu’il s’offrait alors.

Il était 3 heures du matin : depuis cinq heures la bataille était commencée.

— Et le général ! murmura l’ingénieur.

Oui, qu’était-il devenu, le général ?

Avant de perdre la communication téléphonique avec lui. on n’avait guère songé à lui demander ses instructions, trop certain de le retrouver la bataille finie.

M. Durville le chercha là où il l’avait laissé tout à l’heure.

Mais déjà le museau de la hure était noyé dans le flot des Nègres.

L’angle saillant, si peu favorable au développement des feux, avait cette fois encore joué son rôle dans la bataille ; c’est par là que les Noirs étaient arrivés en subissant le moins de pertes.